Hand drauf par blu-news.org. License CC BY-SA 2.0.

Regrouper producteurs et consommateurs, sans intermédiaire. Pourquoi ? Pour s’assurer de la qualité et de l’inocuité des produits, ce que les industriels peinent à nous garantir (affaire Spanghero, vache folle, etc.). Pour garantir un revenu équitable aux agriculteurs. Pour acheter bon marché, en évitant les surcoûts liés aux intermédiaires. Pour la santé de notre planète en renonçant ensemble à certaines dérives : pollution, import de produits hors-saison, sur-emballage, gaspillage …

A l’origine, les teikeis

L’idée est séduisante et n’est pas nouvelle. Les premières initiatives sont nées au Japon dans les années 1960 en réaction (déjà) à l’utilisation massive de produits chimiques dans l’agriculture. A l’époque, le Japon connaît ses premiers scandales sanitaires et catastrophes écologiques, comme cette pollution au mercure dont les premières victimes sont declarées en 1957. L’empoisonnement au mercure provoque une maladie neurologique qu’on désigne depuis sous le nom de maladie de Minamata, du nom de la ville qui fut l’épicentre de la catastrophe.

Les premières teikeis (提携, signifiant en japonais « coopération ou collaboration ») apparaissent en 1965. En échange de l’achat par souscription de la récolte d’un paysan, ce dernier s’engage à fournir des aliments cultivés sans produits chimiques. En France, on attendra 2001 pour voir la création des premières AMAPs basées sur ce même principe.

Les initiatives des producteurs

Talents de FermeDepuis les années 2000, les initiatives pour commercialiser en direct les productions des agriculteurs se sont multipliées. Nombre d’entre elles sont dues aux agriculteurs eux-même. La vente directe traditionnelle sur les marchés ou à la ferme s’est enrichie de nouvelles expériences comme les drives fermiers, dont le premier c’est ouvert en Gironde en octobre 2012. On trouve aussi désormais des magasins de producteurs, des structures de vente créées de toutes pièces par des groupes de producteurs. Dans notre région, c’est ainsi qu’est née La Ferme de Chez Nous à Saint-Léger sous Cholet. Un peu plus loin, on trouve même des supermarchés de producteurs comme Talents de Ferme à Wambrechies, dans le Nord.

Les initiatives des consommateurs

L'immeuble de la Park Slope Food CoopLes consommateurs aussi s’organisent. Nées aux 19ème siècle, les coopératives alimentaires ont connu un grand développement dans les années 1970. Ces coopératives regroupent des clients qui sont aussi les propriétaires de l’entreprise. La gouvernance est basée sur un principe démocratique, 1 personne = 1 voix. Depuis la grande vague du début, beaucoup ont suivi le parcours de la grande distribution traditionnelle. Certaines ont gardé un capital ouvert aux consommateurs, comme Coop Atlantique en France. De rares coopératives sont aussi restées fidèles au travail bénévole des origines. C’est le cas de la Park Slope Food Coop à Brooklyn, New York, qui dessert plus de 15000 sociétaires. C’est aussi le cas plus récent de Saveurs à Savennières (créée en 2007). Encore plus récemment, en 2010, un nouvel acteur majeur a fait son apparition : La Ruche Qui Dit Oui. Là aussi, il s’agit de réaliser des achats groupés auprès de producteurs. La structure est une société par actions classique (mais labellisée d’utilité sociale) et le propriétaire de chaque point de vente est rémunéré pour son travail. Dans une démarche non-commerciale, sont aussi nées des associations de consommateurs dans le but d’ouvrir des points de vente. Parfois éphémères, parfois chez des particuliers, parfois avec des horaires d’ouverture restreints … et parfois des magasins permanents, des épiceries pour revitaliser un centre-bourg. Dans notre région, c’est ainsi qu’est née Goût Layon à Rablay.

Et Envie de Saveurs

Il existe toutefois un problème dans le circuit-court quand il est piloté par une seule des deux parties prenantes. Les producteurs cherchent à augmenter leurs revenus; les consommateurs souhaitent diminuer leurs coûts. Vendre plus cher ou acheter moins cher : l’autre partie fait les frais de ce choix. Le système des AMAPs dépasse ce clivage puisqu’il associe les deux. Et c’est aussi cette relation de partenariat qui a conduit à la création d’Envie de Saveurs. Association à but non lucratif inspirée de Goût Layon et Saveurs, elle se distingue par sa gouvernance composée à la fois de producteurs et de consommateurs. Ensembles, les deux parties prenantes oeuvrent pour son développement, épaulés par une quarantaine de bénévoles. A la recherche du meilleur équilibre au bénéfice de tous – et de la planète !

Sources :
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Teikei
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Minamata
http://en.wikipedia.org/wiki/Food_cooperative

Photos :
Hand drauf par blu-news.org. License CC BY-SA 2.0.
Talents de Ferme © Ville de Wambrechies
Park Slope Coop building par Beyond My Ken. License CC BY-SA 4.0.